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En attendant voici un extrait des enseignements que nous abordons lors de nos Stages, Passages & Retraites, et plus avant lors des Journées et tout au long du Parcours « Études & Méditations » sur Zoom.
Au commencement étaient le Tao, le De, Wu Wei et Ziran
1. Le Tao qu’on tente de saisir n’est pas le Tao lui-même
La première difficulté pour parler du Tao est qu’il n’est pas appréhendable par la pensée conceptuelle ordinaire.
Lao Tseu nous prévient en débutant le Tao-Tö-King/Dao De Jing par :
“Le Tao qu’on tente de saisir n’est pas le Tao lui-même ;
le nom qu’on veut lui donner n’est pas son nom adéquat”
On va néanmoins s’efforcer de donner quelques éléments de compréhension :
2. Qu’est-ce que le Tao ?
Le Tao 道 est au cœur de la culture taoïste.
Le Tao est en quelque sorte l’âme de tout ce qui est.
On peut en faire l’expérience mais il ne relève pas du monde de la matière ; il est immatériel.
Le Tao a une existence en tant que tel et donne vie à tout ce qui est.
Le Tao est d’une certaine manière, et transcendant, et immanent : il existe avant toute chose, il dépasse infiniment tout ce qui est (Cf. transcendance), et existe en chaque être (Cf. immanence).
Pour tenter de concrétiser nos propos, reprenons la métaphore de l’eau [proposée par Maître Meng] (tout en précisant que cette métaphore est imparfaite) : l’eau existe/subsiste par elle-même – par exemple dans la mer – et en même temps l’eau est présente en chaque être, et – bien plus – la molécule d’eau présente dans chaque être est la même ; le plus important, c’est l’eau ; si l’eau venait à manquer dans un être, c’est la mort immédiate. [à relire]
3. Le Tao, comme chemin de retour (vers Soi)
On parle aussi du Tao, comme un “chemin de retour”, chemin de retour vers l’Origine, chemin de retour vers Soi. En réalité, on évoque là plus la “cultivation du Tao” que le Tao en tant que tel. La cultivation du Tao est un chemin de retour vers l’Origine (le Tao), vers Soi (la partie de soi la plus authentique, voir Xing-nature profonde, Yuan Shen-esprit originel)
4. Tao-Dao-Do : la voie de…
De manière plus prosaïque, Tao veut dire aussi “la Voie de”. Ainsi, Tao devenu Do en japonais a donné tous les Aïkido, Budo, Kendo, Judo (voie de la chute), Taekwondo… Où, le principe premier de ces arts (martiaux), de ces techniques, n’est pas le résultat (faire tomber son adversaire, atteindre le centre de la cible…), mais plutôt de ne faire plus qu’un avec sa technique, de sorte que ce soit la flêche qui soit tirée (par le Tao en soi pourrait-on dire). [Cf. commentaires de KGD]
Nous utilisons le mot Tao pour désigner “le grand Tao”, et le mot dao (pinyin actuel) pour désigner plus génériquement “la voie”.
5. Tao = fond du fond du Réel = Mystère des mystères = pluripotentialité (dans le Ciel Antérieur)
De manière plus scientifique – ou ésotérique, comme on va le voir – le Tao peut être rapproché du vide quantique pluripotentiel duquel émerge toute chose, le “fond du fond du réel” selon l’expression de Bernard Besret.
Son pendant ésotérique pourrait-on dire c’est le grand mystère qu’il représente. Au fond du Mystère, toujours du mystère. “Mystère du Mystère, voilà la porte de toute compréhension/merveille” ainsi Lao Tseu conclut le chapitre 1 du Tao-Tö King/Tao-De Jing.
6. Tao = mouvement (dans le Ciel Postérieur)
Plutôt que de “voie de…”, on pourrait préférer parler de “cheminer sur la voie (du Tao)”, et encore plus largement de “mouvement”.
Idéogramme calligraphié du Tao (source/crédit Wikipedia)
En effet, le Tao signifie aussi “mouvement”. Tout est mouvement (dans le Ciel Postérieur). Et, quand le mouvement cesse, c’est là que surgissent les problèmes.
En effet, pour donner une illustration dans le domaine de la santé, ce qui n’est au départ qu’une stagnation énergétique peut devenir ensuite un symptôme physique/physiologique. C’est en détectant le plus précocement cette stagnation, en remettant l’énergie en mouvement, que le médecin taoïste/traditionnel chinois, prévient la maladie.
Au-delà de l’aspect physique et énergétique, dans tous les domaines de notre vie, ce sont toutes les stagnations, les blocages, qu’on tentera d’éviter/prévenir. Pour remettre en mouvement, remettre en vie. Cela peut être un processus émotionnel qui n’est pas aller au bout, un blocage dans sa vie personnelle, professionnelle, sociale, etc.
Principe taoïste : (Dans le ciel postérieur, la Vie est mouvement). Un principe clé de prévention et guérison – au plan physiologique, émotionnel, psychologique, spirituel… – est de remettre en mouvement ce qui aurait tendance à stagner |
Moyen mnémotechnique : dans l’idéogramme du Tao 道 (voir ci-dessus pour une version calligraphiée nettement plus esthétique), on peut y voir comme une sorte de chemin (le “L”) sur lequel marche un personnage avec un chignon.
Pour continuer, et élargir, cette idée de “mouvement”, évoquer le fameux De
7. Le De – Cycle Tao/De
Cycle Tao-De
Le Tao se déploie dans/vers les 10 000 Êtres sans distinction d’aucune sorte. Comment, moi, en tant qu’être humain, je vais entretenir – ou non – le mouvement (perpétuel) par ma contribution au monde, quel est mon De, ma “puissance”, ma “vertu” ?
Principe taoïste Plus mon De est conforme au Tao, plus le mouvement cyclique continue de manière harmonieuse. Plus mon De s’éloigne du Tao, moins ça “tournera rond” pour moi, dans ma vie, mes relations, mon couple, ma famille, mon travail… |
Au passage, notez qu’on peut remplacer “moi (personne)” par “mon couple”, “ma famille”, “mon entreprise”, “mon pays”, “le monde entier”…
NB. Pourquoi traduit-on aussi “De” par “Puissance”. Citons Elisabeth Rochat de la Vallée (c’est nous qui mettons en gras) : “Par « vertu » (de 德), plutôt que des qualités morales, on entend l’efficacité puissante que procure l’agir naturel. Un homme possédé par la Vertu [De] suit, parfaitement et spontanément, les mouvements de la vie ; il est rempli de la puissance qui appartient à la vie quand nul désir ou volonté ne vient la contrarier ou la détourner. Alors émane de lui comme une force qui touche les autres, sans même qu’ils en aient vraiment conscience ; cette force les touche là où eux-mêmes sont en contact avec la réalité qui les fait vivre ; elle peut donc les rendre à eux mêmes, à plus d’authenticité.”
Et un De conforme au Tao, cela peut se traduire par deux principes clés du Tao : Wu Wei & Ziran.
8. Wuwei : ne pas agir en force, se conformer au Ciel, à la Nature
Wuwei – chinois simplifié : 无为 ; pinyin : wúwéi – qu’on traduit par “non agir” (wu étant la négation de wei, l’action) ne veut pas dire rester les bras ballants, ne rien faire, “chiller” à longueur de journée sur son canapé… cela veut dire agir juste, agir juste ce qu’il faut au bon moment, sans vouloir passer en force, dans une économie de moyens, avec finalement une forme d’élégance magnifique parce que parfaitement adaptée à la situation. Et sans vouloir passer en force, c’est très difficile dans notre culture moderne de l’immédiateté, du “si je veux, je peux” ! Mais qui veut en nous ? Notre petit moi égoïste ou notre Être essentiel ? Notre égo ou notre Nature profonde ?
Règle absolue dans la Taoïsme : ne jamais tourner le dos à la Nature du Tao présente en chaque Humain, se conformer à la Nature du Tao ; c’est le Wuwei selon Lao Tseu.
Qu’est-ce que Wuwei ? C’est ne pas aller à l’encontre du Tao, ne pas se laisser aller à ses désirs (sa volonté propre dirait Maître Eckhart).
A mettre en rapport également avec l’état de “Flow” en psychologie, la “Zone” des sportifs de haut niveau.
9. Ziran : la naturalité, l’ainséité, la spontanéité, taoïste
Citons la traduction française de l’article anglais de Wikipedia évoquant le Zìrán :
“Ziran – 自然 Zìrán – est un concept clé du taoïsme qui signifie littéralement « de lui-même ; par lui-même » et donc « naturellement ; naturel ; spontanément ; librement ; dans le cours des événements ; bien sûr ; sans aucun doute ».
Ce mot chinois est un composé à deux caractères de
- zi 自 « nez ; soi ; soi-même ; de ; depuis »
- et ran 然 « droit ; correct ; ainsi ; oui », qui est utilisé comme suffixe -ran marquant les adjectifs ou les adverbes (ce qui correspond à peu près à l’anglais -ly).”
Un peu après l’article Wikipedia indique “Le ziran fait référence à l’état d’« as-it-isness/ainsétié”[{], la qualité la plus importante pour quiconque suit les croyances taoïstes. Pour se rapprocher de l’état de ziran, il faut se séparer des influences non naturelles et revenir à un état entièrement naturel et spontané.
Revenir à la spontanéité de l’enfant, en fait du nourrisson (bénéficiant d’un entourage adéquat), avant que la conscience et la capacité de conceptualiser, ne le fasse “chuter”.
La légende dit que Lao Tseu est né avec une barbe blanche. Légende ou pas, qu’il soit né ou pas avec une barbe, tout en faisant preuve comme on sait d’une immense et profonde sagesse, il est resté en quelque sorte avec l’esprit d’enfant – un esprit d’enfant qui est à 100% dans l’expérience, qui ne juge pas, qui ne conceptualise pas. Lao Tseu/Lao Zi est d’ailleurs parfois traduit par “vieil enfant”.
Sur conceptualisation et sagesse, Maître Meng indique que, alors qu’il était au départ de culture scientifique, un grand fan des grands scientifiques occidentaux, Newton, Kepler, Galilée… il a été frappé par la sagesse des propos de ses maîtres alors qu’ils étaient sinon illettrés du moins pas de grands “lettrés” ; en revanche, à n’en pas douter de grands pratiquants sur la Voie.
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